Feldenkrais et sports extrêmes

Parkour, escalade en montagne, grand marathon. Les gens s’entraînent dur et risquent leurs vies pour ces sports. Pourquoi ? Je propose ces trois raisons principales :

  • L’excitation de rendre l’impossible possible,
  • La satisfaction de commander leur corps et psyché pour atteindre leurs buts,
  • Et l’exaltation de s’accorder complètement avec l’environnement.

Article écrit en anglais par Cynthia Allen, traduit ici en français.

Intéressant. Ce sont les mêmes raisons pour lesquelles je pratique la Conscience Feldenkrais Par le Mouvement. Alors qu’il semble peu probable qu’un travail souvent décrit comme doux et lent pourrait être un sport extrême, peut-être devrions-nous y regarder de plus près.

Terrance McPartland, judoka depuis 1971 et maintenant praticien Feldenkrais, le démontre dans son article en disant que « les gens pratiquent des sports extrêmes pour l’expérience fiable de présence physique et la possibilité de réaliser une catharsis organisationnelle joyeuse. Les gens qui pratiquent la Méthode Feldenkrais le font pour les mêmes raisons. C’est pourquoi c’est un sport extrême. »

Pour soutenir cette démonstration, je voudrais ajouter six caractéristiques souvent non exposées de la Méthode Feldenkrais et qui concordent avec l’expérience de l’athlète extrême.

1. L’exigence

En tant que praticienne de la méthode Feldenkrais, j’ai travaillé avec des marathoniens, des artistes martiaux, des grimpeurs de montagne, des concurrents de course de voiliers et des danseurs professionnels. Chacun d’entre eux a été rapidement mis à l’épreuve. En tant qu’étudiant il est possible de ne pas reconnaître le défi immédiatement. Vous pouvez même souhaiter partir en courant en vous disant : « Qu’est-ce que c’est que ça ? Donnez-moi quelque chose à faire ! » C’est le moment où la formation difficile pour se connaître soi-même commence.

Il y a quelques années, un étudiant m’a envoyé un témoignage ironique. Il disait : « Prendre des leçons avec Cynthia Allen c’est expérimenter un mélange entre Mère Theresa et Bobbie Knight. Elle ne s’arrête jamais. » Cela m’a alors beaucoup fait rire et c’est toujours le cas aujourd’hui. Les leçons Feldenkrais de Prise de Conscience par le Mouvement peuvent être tout à fait mentalement et émotionnellement stimulantes, avec des contraintes très détaillées concernant les schémas de mouvement habituels et ce que nous percevons comme étant impossible.

C’est aussi bien émotionnellement que physiquement exigeant. Une de mes collègues a dit pendant les premiers jours de notre formation de praticien : « j’étais sûre que mon dos allait se casser. » La leçon que nous faisions était très lente avec des mouvements infimes, mais en continuant à agir de sa façon habituelle elle a senti qu’elle pouvait se blesser. Grâce à cette prise de conscience elle a découvert une nouvelle façon d’agir qui a permis « la catharsis organisationnelle » à laquelle se réfère Terrance.

2. Sortir du schéma : « faire plus pour faire mieux »

Utiliser davantage ses muscles que son cerveau dans les efforts sportifs est fréquent et potentiellement nuisible. Dans une formation, je me rappelle des cris de Moshe Feldenkrais : « Arrêtez! Arrêtez! N’importe quel idiot peut faire le mouvement une fois. Mais pouvez-vous le faire de nouveau ? » Il se référait au mouvement étant si bien organisé que le corps est amélioré, et non endommagé. C’est une nécessité absolue pour réduire le risque des sports extrêmes. La méthode Feldenkrais nous invite à faire moins, plus intelligemment, pour que nous puissions faire plus.

3. Changer la nature de la réalité

Parfois quelque chose de tout à fait profond arrive dans une leçon et remet en question sa vision de base du monde. J’entends généralement : « Vous voulez dire que la vie ne doit pas nécessairement être dure ? » quand quelqu’un découvre qu’un mouvement très défiant est en réalité facile. C’est un déclencheur de changement pour la vie.

Dans ma propre formation, Anna Johnson-Chase m’a donné une séance individuelle autour de la vision et de comment elle affectait mon tonus musculaire. Alors qu’un changement se cumulait à un autre, c’était presque écrasant. Quand je me suis levée, mon champ visuel était gigantesque comme s’il avait augmenté de 3 ou 4 fois. Plus tard, en serpentant dans des bois voisins, tout semblait incroyablement vivant et magique. Ça a l’air très bien, mais il y avait un inconvénient. J’ai dit à mon mari : « si je commence à voir des gnomes le matin, je vais être très, très furieuse. » Tout en blaguant, j’étais aussi très sérieuse. C’était choquant de se rendre compte que le monde était beaucoup plus vaste que ce que j’avais précédemment pu voir. Les ramifications sur la manière dont ça jouerait sur ma vie semblaient importantes.

4. Conquérir le calme extrême

Selon les aventuriers du désert, le calme est un des défis majeurs. Dans la Méthode Feldenkrais, l’appel du système nerveux surstimulé à simplement être peut conduire un homme ou une femme à vouloir déguerpir. Un instant plus tard, l’immensité du calme peut être un pur bonheur.

5. Perdu dans le désert

Cela peut sembler étrange, mais on peut se perdre dans l’étendue de son propre être. Les leçons peuvent désorganiser. En fait, mettre en morceau pour revenir ensemble est un thème de l’approche Feldenkrais. Même dans une pièce remplie d’étudiants, on peut être désorienté. Incapable de distinguer la droite de la gauche. Ou le haut du bas.

6. La conscience : une épée à double tranchant

« Si vous ne devez pas être ici, COURREZ! » C’était les mots d’introduction d’un atelier avec le professeur Russell Delman, un professeur Zen/Feldenkrais. La pièce était bondée, beaucoup d’entre nous n’avaient jamais pratiqué la méthode Feldenkrais.

Après un temps mort, nous avons ri. Russell a poursuivi en nous disant qu’une fois que la porte vers la prise de conscience est ouverte, on ne peut plus revendiquer l’ignorance béate. Le monde est infiniment plus complexe – et simple – que jamais imaginé. Dans les sports extrêmes, la vie est distillée à son essence. On découvre notre propre façon de répondre à l’environnement externe et comment changer le paysage de l’environnement interne.

7. Satisfaction

C’est ce moment très précieux où tout vient ensemble ….

Les sports extrêmes ne sont pas pour tout le monde, mais la Méthode Feldenkrais est accessible à presque tout le monde. Moshe Feldenkrais était un artiste martial et un ingénieur. Sa science unique basée sur l’approximation met l’étudiant aux commandes. Mariez ça avec l’intelligence du système nerveux et chaque leçon a le potentiel d’impacter puissamment l’athlète de l’extrême, la personne blessée voulant récupérer et tout le monde se situant entre ces deux situations.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.