Eviter la chute ou savoir tomber sans se faire mal sont deux idées attrayantes pour quiconque aura vécu ou aura peur de vivre une telle situation. La prise de conscience par le mouvement proposée par Moshé Feldenkrais est à mon sens une réponde intéressante, et sûrement pas la seule. Dans cet article publié en janvier 2017 dans le New York Times, Kate Murphy expose l’intérêt de savoir chuter. Si les idées se recoupent dans différents domaines, les apprentissages sont relativement différents. A chacun d’expérimenter de qui lui convient le mieux.
Rare sont les individus qui n’ont pas trébuché sur un animal ou un trottoir irrégulier, ne sont pas tombés de vélo ou sur la glace, ou n’ont pas fait une mauvaise chute de ski ou de patin à glace.
Certains se blessent, tandis que d’autres sont indemnes, revendiquant souvent que c’est parce qu’ils ont su tomber.
Selon les parachutistes, les cascadeurs, les physiothérapeutes et les professeurs d’arts martiaux, il y a en effet « une bonne façon » de tomber, et cela peut vous sauver de beaucoup d’ennuis si vous savez le faire.
Bien que souvent associées aux personnes plus âgées, les chutes arrivent à n’importe quel âge et sont la cause la plus commune de blessure vue aux urgences aux États-Unis. « The Agency for Healthcare Research and Quality » estime que les chutes représentent plus d’un tiers des visites aux urgences, soit environ 7,9 millions par an.
« En tant que physiothérapeutes nous parlons beaucoup de la prévention des chutes, mais nous ne parlons pas de ce que vous devez faire quand vous tombez, » dit Jessica Schwartz, physiothérapeute à New York qui entraîne les athlètes et les gens avec des prosthèses de membre à tomber sans se faire mal. « C’est presque inévitable que vous tombiez, donc vous devriez vraiment savoir quoi faire. » La chose numéro un à se souvenir, dit-elle, est de protéger votre tête. Donc si vous chutez, pivotez sur le côté et rentrez votre tête.
« Avez-vous vu ces dessins animés avec une série de chutes dans lesquels les personnages tombent à plat en avant ou sur leur dos ? Ne faites pas ça, » dit docteur Schwartz. « Vous percuterez votre tête comme une noix de coco et obtiendrez une commotion cérébrale, » et le mouvement inverse, ou le rebond, de votre tête après l’impact « vous fera quelque chose comme le coup du lapin. » De plus, tomber à plat en avant ou en arrière augmente les risques de blessure de votre colonne vertébrale et vos organes vitaux.
L’autre chose à éviter, dit-elle, est de « tomber sur des mains tendues. » Si vous faites ça, toute la force de l’impact sera concentrée là, augmentant le risque de vous casser le poignet. De la même façon, mieux vaut éviter de vous effondrer sur votre genou autrement vous casserez votre rotule ou ferez cette manœuvre qui consiste à pédaler avec vos pieds pour essayer vous rattraper, ce qui peut mener aux fractures des os du pied et de la cheville.
Au lieu de cela, si vous vous sentez tomber, les experts disent que vous devriez plier vos coudes et vos genoux et essayer d’amortir la chute sur les parties charnues de votre corps, comme le côté de votre cuisse, votre fessier et votre épaule. « Visez la viande, pas l’os, » dit Kevin Inouye, cascadeur et professeur de théâtre, de mouvement et de combat pour la scène à l’Université du Wyoming. « Votre instinct sera de mettre vos mains en avant ou d’essayer de vous rattraper avec votre genou ou votre pied, mais ils sont durs et non indulgents quand vous tombez. »
La clé n’est pas de lutter contre la chute, mais d’aller avec, comme le font les parachutistes. « L’idée est d’orienter votre corps au sol de manière à ce qu’au moment de l’impact il y ait tout un processus d’ajustement et de changement de votre poids du corps pour rompre cet impact, » dit le Sergent Première Classe Chuck Davidson, entraîneur principal à la « Army’s Advanced Airborne School » Ft. Bragg, N.C.
Le but des parachutistes est de tomber de côté dans la direction dans laquelle le vent les porte et de ne résister en aucune façon à l’élan de la chute. Alors que leurs talons atteignent à peine le sol, ils distribuent immédiatement l’impact en une séquence rapide vers le haut en passant par le mollet vers la cuisse et les fesses. Ils roulent alors sur le grand dorsal, le muscle grand et plat se situant de chaque côté du dos, et donnent un coup de pied, changeant leur poids du corps pour finir couchés sur le dos avec les jambes pliées devant eux.
La procédure est remarquablement semblable à la manière avec laquelle les praticiens d’arts martiaux apprennent à amortir une chute quand ils sont, disons, soulevés par-dessus l’épaule de quelqu’un ou qu’on leur fauche leurs jambes. “Je dirais que les principes que nous suivons sont : acceptez de tomber et allez avec, arrondissez votre corps, ne vous raidissez pas et distribuez l’énergie de manière à amortir la chute dans la zone la plus large possible, » dit Paul Schreiner, ceinture noire et professeur de Jiu Jitsu à la Marcelo Garcia Academy à New York.
Les chutes d’arts martiaux ont souvent un aspect gymnastique avec des sauts périlleux plutôt élégants et vifs, et il s’agit là encore de distribuer la force d’impact. « Il peut y avoir un composant esthétique, mais il s’agit de sauver le corps, » dit M. Schreiner. « Si vous ne réceptionnez pas la chute dans tous les endroits de vous-même, vous vous ferez mal, mais vous vous en sortirez. »
Aussi difficile que cela puisse paraitre au moment où vous vous élancez violemment vers le sol, et alors que les factures médicales et l’invalidité vous traversent l’esprit, les experts disent qu’il est important de se détendre pendant la chute. Vous êtes moins susceptibles de vous faire mal si vous relâchez tous vos muscles et expirez. La rigidité est votre ennemi, tandis que la flexibilité est votre ami. « Aussi injuste que ce soit, c’est pourquoi les gens qui sont ivres » ont tendance à être ceux qui « ne se font pas mal dans les accidents de voiture, » dit M. Inouye. « Ils sont relâchés et se laissent juste tomber. »
Bien sûr, ce serait mieux d’être capable de se relâcher, de pivoter sur le côté et de rouler si vous êtes en bonne condition physique. « Si vous réunissez dans une même pièce des footballeurs et des employés de bureau travaillant sur ordinateur et que vous les faites tomber, vous pouvez parier que les footballeurs vont être probablement moins susceptibles de se blesser grâce à leur force supérieure, leur agilité et leur coordination, » dit Erik Moen, physiothérapeute à Kenmore, Washington.
Mais cela ne veut pas dire que vous devez être un athlète d’élite ou un parachutiste pour tomber de « la bonne façon. » Les jeunes enfants sont sans doute les plus à même de chuter parce qu’ils doivent encore développer la crainte ou l’embarras, donc ils tombent simplement et roulent sans se crisper, ni essayer de se rattraper.
Les physiothérapeutes peuvent être utiles dans l’évaluation de vos faiblesses et la prescription d’exercices à faire chez soi pour améliorer votre force et votre agilité (par exemple, sauter d’un côté à l’autre, sur et en-dehors de plates-formes ou de marches) pour que vous puissiez mieux tomber aussi bien que diminuer le risque de chute.
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