Perte de lien : les conséquences – Prévention Santé

Nous vivons dans une société qui favorise grandement la perte de lien avec les autres, et aussi avec nous-même, dès le plus jeune âge. J’interroge ici les conséquences et possibles causes de cette perte, et propose un début de réponse.

Qui de l’œuf ou de la poule ? Comment en sommes-nous arrivés à une telle perte de lien avec les autres, et aussi avec nous-mêmes ?

Selon un sondage réalisé aux États-Unis, 40% des enfants de moins de trois ans n’ont pas de lien émotionnel suffisant avec leurs parents, ce qui « les prédispose à des problèmes de comportement et de langage. » (Lire l’article)
Toujours dans le même article, j’observe que l’on a jugé utile de préciser que « Réconforter un enfant lorsqu’il est malade, qu’il s’est fait mal ou qu’il est bouleversé lui permet de créer un lien de sécurité avec son parent. » Combien d’entre eux se retrouvent complètement seuls, livrés à eux-même dès le plus jeune âge, sans aucun soutient physique ou moral ? « Pour les chercheurs, les enfants de moins de trois ans chez qui ce lien est insuffisant sont plus susceptibles de devenir agressifs, rebelles ou hyperactifs. »Peut-on décemment s’en étonner ?

Si je résume, un bébé en manque de lien de sécurité avec ses parents a toutes les chances de développer un comportement que les adultes trouvent difficile et pour lequel il sera puni ou rejeté. Que fera cet être devenu adulte, comment vivra-t-il, à partir de quelle base ? Ce comportement dû à un manque de sécurité peut aussi être transmis à un nombre indéfini de générations, à moins que …

Possibles causes

  • Comme nous venons de le voir, nous pouvons reproduire tout simplement un schéma que nous connaissons, et souvent sans en être conscients ;
  • Un système éducatif basé sur la concurrence, la compétition, le chacun pour soi ;
  • L’idée très répandue qu’il faut accompagner l’enfant vers son autonomie, sauf qu’il n’est pas accompagné mais livré à lui-même sans repère ;
  • Une nouvelle génération de parents et d’enfants avec portables, écouteurs, tablettes, réseaux sociaux ou autre plutôt qu’en conversation et intérêt porté à l’autre ;
  • La fatigue, l’épuisement, le stress et l’angoisse d’arriver à garder ou trouver un emploi qui empêchent les adultes d’être vraiment disponibles ;
  • Le manque de relation avec nous-même, tout simplement parce que cette idée fondamentale n’est pas intégrée dans les mœurs de notre société … Qui acceptera que vous reportiez un rendez-vous parce que vous avez besoin de vous recentrer, de passer un peu de temps seul(e) ?

Notre relation avec les autres est le reflet de notre relation avec nous-même. Sommes-nous tendus, stressés, et nos curseurs relatifs à notre écoute, bienveillance, patience et capacité d’accueil de la différence se trouvent réduits. Comment créer du lien avec notre entourage si nous ne sommes pas en lien avec nous-même ; ignorant ou refusant d’écouter les messages de notre corps, notre intuition ou nos envies profondes ?

Début de réponse

Créer du lien, établir les connexions entre les différentes parties de nous-même, est un des principes fondamentaux de la méthode Feldenkrais. C’est ce qui permet aux tensions de se relâcher, à l’organisme de mieux fonctionner, à l’être de se déployer (au sens propre comme au sens figuré).

Depuis plus de 15 ans créer ou recréer du lien en soi et avec les autres a toujours été mon méta thème. J’ai exploré en théorie et en pratique plusieurs approches : m’adresser aux enfants pour leur donner des bases de relation à eux-même et aux autres le plus tôt possible; m’adresser aux parents pour qu’ils retrouvent le lien en eux et donc avec l’autre, dans l’idée qu’ils soient des initiateurs par l’exemple; m’adresser aux binômes parents-enfants, afin qu’ils explorent ensemble un plus large panel de mise en relation. Au jour d’aujourd’hui, je reviens vers une proposition tournée vers les adultes afin qu’ils permettent aux enfants de rester en lien. Et je dois dire que c’est assez efficace.

Article écrit pour Prévention Santé

Comments

  1. says

    Bonjour, je pense que vous avez résumé mon sentiment en quelques mots:
    « Un système éducatif basé sur la concurrence, la compétition, le chacun pour soi ». Le collectif n’est plus au centre des préoccupations … ce qui est pour le moins bien dommage !

    Ps: Le sondage/rapport est américain, basé donc sur un fort individualisme dès le début, à extrapoler avec critique en France, pays plus collectif.

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